'L'expérience Wei Guo' - Maïté témoigne
" L'expérience Wei Guo - Maité
J’habitais Paris à l’époque. Après le décès de Maître Deshimaru, avec lequel je pratiquais zazen, j’ai été mise en contact avec Wei Guo, par le biais de deux amis différents, à un an environ d’intervalle.
La première fois je n’étais pas prête (1983), la deuxième fois a été la bonne (1984). J’ai eu une chance inouïe, il n’a jamais fait de publicité. Je ne connaissais le taiji Quan que par ouï-dire de camarades danseurs ou du zen. Je n’avais aucune idée de ce que c’était. Cependant lors du cours de Wei Guo, pendant la « gymnastique taoïste », j’ai expérimenté le même état intérieur de calme que lors de la pratique de zazen. Aussi ai-je continué, c’était pour moi une méditation. Le taiji prit ainsi la suite du zazen dans lequel j’étais très investie.
D’autre part, le taiji me permettait de poursuivre une recherche chorégraphique commencée avec Carolyn Carlson et des danseurs butô japonais.
Je n’ai appris et compris que bien des années après que c’était un art martial, aspect avec lequel j’étais en résistance, il faut dire que le côté martial ne m’intéressait pas du tout.
Dès le premier stage d’été que j’ai fait avec Wei Guo, en 1984, celui-ci m’a demandé d’apprendre la première partie. Contrairement à la danse, je n’étais pas venue pour mémoriser quoi que ce soit.
Comme il me l’a demandé, je l’ai fait. Bien sûr, je n’avais pas remarqué qu’il y avait plusieurs parties. Alors j’ai tout mémorisé d’un coup. Un mois plus tard, quelqu’un fit la remarque à Wei Guo que lui, pratiquant depuis des années, ne savait toujours pas la troisième partie et que moi, débutante, je la savais. Ce à quoi Wei Guo répondit : « Oui, mais elle, c’est vide ». Cela me vexa. J’avais fait l’effort demandé alors que mémoriser ne m’intéressait pas. Bien sûr il avait tout à fait raison.
J’ai continué à pratiquer plus ou moins régulièrement et intensivement selon la disponibilité que me laissait mon activité de danse.
Trente ans ont passé à suivre son enseignement, et à enseigner en parallèle à mon tour. Avec la sensation d’être toujours débutante, de ne toujours pas comprendre. Et pourtant, « à l’insu de notre plein gré », des choses inattendues se construisent, se mettent en place. Il est d’ailleurs difficile d’évaluer quoi.
L’enseignement de Wei Guo était d’une très grande richesse, très précieux. Il nous a transmis de son mieux ce que lui-même avait reçu. Il s’est donné beaucoup de mal pour nous l’expliquer en français, par des images, des exercices variés, pour que nous le comprenions et le réalisions concrètement dans nos corps, nos esprits et nos vies.
Pour lui, le Taiji est une réalité, non du discours. Il a œuvré pour nous faire toucher cette réalité et y entrer. Il nous disait : « le Taiji c’est la vie ».
Sa générosité est immense, ainsi que sa tolérance et sa patience. Il a une telle foi dans le taiji que la pratique pour lui peut tous nous aider à résoudre nos difficultés dans la vie. Alors il continue, nous encourage à continuer. Il est certain qu’à un moment donné, ce je-ne-sais-quoi adviendra.
Il est également très gai, aime rire et plaisanter. Son amour des enfants est remarquable.
Simple, humble, attentif à tous ses élèves, même s’il n’en montre rien parfois, abordable, il nous disait : « je suis votre professeur, pas un maître ».
Très réaliste, il ne nous a jamais conduit dans les voies de garage du rêve et de l’illusion. Intègre dans sa pratique et son enseignement, il n’a jamais fait de commerce avec le taiji.
Il pouvait également se mettre sérieusement en colère. A ces moments - là, ça chauffait…. Le tigre qu’il est, s’exprimait.
Au quotidien, je l’entends et le revois toujours dans mon esprit, il est inscrit dans ma mémoire. Malgré son absence, il est une présence vivante.
Je ne pourrai jamais assez le remercier de tout ce qu’il m’a et nous a apporté et donné. C’est une sève qui nourrit au quotidien."
Maité
ECOLE DE TAI JI QUAN COTE BASQUE
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A suivre …'Quelques phrases dont je me souviens'
Maité Pebay pratique & enseigne au pays Basque
MERCI beaucoup à toi, Maité!