"Juste ça"..Stéphane 'de Bordeaux' parle de Wang Wei Guo

Publié le par Eve lyne

"J'ai rencontré Wei Guo en 1985 et depuis je pratique l'enchainement qu'il m'a enseigné. Lorsque je pense à lui ou lorsque je parle de lui, ce qui vient dans mon esprit est une sorte de sourire de joie très tranquille, ça fait "Kai" en moi. Je suis content de penser à lui!

Je laisserai de côté ce qu'il m'a appris en taiji Quan, c'est une telle évidence qu'il n'est pas utile d'en parler. C'est plutôt tout ce qu'il m'a transmis de si précieux à travers le taiji Quan qui éveille ma gratitude. Wei Guo a toujours refusé de jouer à être un maître de taiji Quan, un gourou. Guru, littéralement,  signifie simplement "lourd de qualités", qualités qui font qu'on possède la maîtrise de ce que l'on enseigne. "C'est juste ça"...

Un soir, je lui ai posé la question de savoir ce que représentait pour lui le taiji Quan. Il m'a répondu qu'un art martial était interne quand il permettait de découvrir en soi la chose unique toujours présente, et, en travaillant avec d'autres, on pouvait découvrir qu'ils possédaient aussi une chose unique en eux … qui était la même ! Dire avec des mots très simples des choses très profondes est un art rare et Wei Guo le possédait.

Une autre fois, lors d'un repas, je lui ai demandé ce qu'était le Dao pour quelqu'un comme lui et j'ai longtemps gardé sa réponse écrite sur un coin de  nappe en papier. Il avait écrit l'idéogramme et me l'avait détaillé en 4 gestes. En bas "soi-même" sous le trait horizontal, donc "sous le ciel" et, au-dessus du ciel, "un trait yin et un trait yang", le tout "enrobé" dans la clef de "la marche".  Le yin et le yang correctement réunis sous le ciel en soi-même nous indiquent la marche à suivre dans notre vie… par la pratique… "C'est juste ça"... Et ça reste pour moi (qui ai entendu maintes fois des gens très savants et très reconnus en parler avec des mots splendides et très impressionnants) la plus belle des façons de dire le dao.

Une autre fois encore, je lui ai demandé pourquoi, lors de ses "cours", il ne parlait pas plus de l' "aspect énergétique" du taiji Quan, qu'il avait intégré naturellement par son éducation, son parcours et son énorme  entraînement. Que beaucoup de personnes le souhaitaient et appréciaient ce type d'explications lorsque, parfois, il se laissait aller à le faire brièvement. Il m'a répondu, un peu agacé… la patience n'était pas la qualité qui ressortait en premier chez lui 😊… qu'il n'était pas un moine taoïste. Son travail était de corriger un bassin mal placé ou des épaules crispées, rien d'autre. Je lui avais rétorqué, moqueur : "ouais, t'es juste un sportif" !... il m'avait ignoré et on avait parlé d'autre chose… Inutile d'insister !

Une dernière anecdote plus touchante. Le maître de Wei Guo est mort en Chine alors que c'était la nuit en France où il était alors. Wei Guo me raconte que, cette nuit là, il  s'est réveillé soudainement, en sueurs, le cœur battant et se sentant très mal sans savoir pourquoi… et s'est rendormi plus tard. La matinée suivante, il reçoit un appel téléphonique d'un ami à lui, de Chine, lui annonçant la mort de leur maître. Avec le décalage horaire, l'heure de sa mort correspondait au moment où il avait été réveillé par ce que n'importe quel médecin occidental appelle une crise d'angoisse…

Parler de "spiritualité" avec Wei Guo était un challenge assez difficile à réussir mais, pour lui, il était une évidence que les esprits de 2 personnes très liées, quelle qu'en soit la cause, ne pouvaient être séparés par l'éloignement, dans l'espace ou dans le temps. "C'est juste ainsi" !...

Et, en écrivant ceci, je sais qu'il lui arrive, par de mystérieux chemins, un petit clin d'œil sous forme d'une énergie débordante d'amitié qu'il reçoit parfaitement, lui qui maîtrise si bien ce jeu des énergies. Merci m'sieu Wang, portes toi bien 😉 💞"

Stéphane Torres 

 

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